À l’occasion de la Fête du travail (bonne fête travail !) –événement annuel unique à l’Amérique du nord alors que partout ailleurs (le 1er mai) on fête les travailleurs –, un inévitable mot ou « brin » à son sujet est de mise. Sur la scène internationale, on prédit cet automne une rentrée fort houleuse en France à cause d’un projet de loi visant à retarder l’âge de la retraite. Or, c’est sans aucun doute dans ce pays que l’on retrouve le plus d’écrits théoriques et pratiques sur la pénibilité du travail. Par définition, ce concept de pénibilité fait référence aux aspects physiques d’un emploi et l’exemple classique est le métier de mineur. Même encore aujourd’hui ce concept ne tient guère compte des aspects psychologiques comme dans le travail d’une enseignante auprès d’élèves multidéfavorisés –travail souvent très dur pour le moral– et encore moins des aspects vocationnels. Ainsi, si on réfère à une typologie des intérêts bien connue, on sait qu’environ un sixième des travailleurs, tous métiers confondus, aiment le « concret » et qu’autant apprécie des tâches « réalistes ». En clair, cela veut dire que près du tiers des travailleurs aiment jouer du muscle, manipuler des choses, répéter une démarche et ainsi de suite. Ce qui est pénible pour eux est d’un tout autre ordre : lire, écrire, théoriser, démontrer verbalement, etc.
Si les critères de pénibilité –ou tout simplement les critères de risque de la CSST– étaient appliqués aux sports et loisirs, plusieurs d’entre eux seraient condamnés. On pense immédiatement aux sports extrêmes si à la mode mais plusieurs disciplines olympiques seraient aussi pointées du doigt. Et si quelques lésions surviennent, on les qualifiera de « maladies de santé » alors que là on persistera à parler d’accidents de travail et de maladies industrielles.
Deux poids, deux mesures et dès qu’une personne a un malaise c’est à cause qu’elle travaille trop ! De toute évidence, le travail est devenu le bouc émissaire des temps modernes ! Bonne fête quand même travail !