Au tournant du siècle dernier, je fus sollicité par la direction d’une importante revue scientifique afin de produire un article résumant l’état d’une question pertinente pour ses lecteurs. Quelques mois après avoir reçu le manuscrit, cette direction me convoqua pour éventuellement, avec beaucoup de tac, me faire part qu’elle n’avait qu’un seul souci : texte trop plaisant à lire et, en conséquence, on douterait de sa rigueur ! Il me rappela alors quelques trucs pour alourdir un texte comme mettre fréquemment, entre parenthèses, des références surtout des références anglophones. Après 30 années de recherche et quelques mandats comme directeur de comités de lecture de similaires revues– je maitrisais trop bien ces pratiques mais qu’à l’aube d’une retraite je ne souhaitais plus prioriser. Après réflexion, je retirai le texte et le publia ailleurs. Si j’en juge par le nombre de fois qu’il fut référencé, je peux conclure qu’il répondait à un réel besoin. Beaucoup plus tard et au hasard d’une rencontre, cette direction m’avoua, en toute humilité et intégrité, regretter cet épisode et me donna en quelque sorte raison. Depuis, j’aime dire que je suis un scientifique-vulgarisateur.