Pas du pareil au même / No more of the same

Lorsqu’on survol la liste des activités apparaissant sur ce site, on pourrait conclure que je fais du pareil au même ou, pour reprendre l’expression anglaise, du more of the same. En effet, cette liste d’activités est constituée de conférences, de formations, de consultations et même de quelques parties de cours ici et là à travers le monde; bref des choses que je faisais lorsque j’étais professeur-chercheur titulaire à l’Université de Sherbrooke surtout si, à ces activités-ci, on ajoute les publications d’articles et de livres mentionnées ailleurs sur ce site.

Il faut dire que lorsque j’ai quitté l’UdeS en me prévalant d’une retraite progressive et anticipée, c’était afin d’avoir plus de temps pour m’investir dans les prestations que je donnais hors de l’Université, généralement sous le volet Recherche mais, le plus souvent, sous le volet Services à la collectivité[1].  Mais comme les deux « terrains » (intra-université et extra-université) associés à cette tâche professorale prenaient de plus en plus de temps et devenaient de plus en plus exigeants, j’ai dû faire un choix. Après de longues et mures réflexions, j’optai pour me consacrer totalement à l’extra-universitaire.

Cependant, dès la première année de cette retraite graduelle s’étalant sur trois ans, j’appris que ma conjointe d’alors, Denise, était aux prises avec un cancer malin ce qui fit que les jours que je libérais progressivement de l’Université étaient immédiatement consacrés à l’accompagner et à lui prodiguer des soins ! À vrai dire, je n’avais plus aucun temps ni aucune motivation pour une prestation professionnelle quelle qu’elle soit et où qu’elle soit. Bien au contraire, à huit reprises au moins, j’ai dû annuler des allers-retours transcontinentaux. J’en venais même à me faire à l’idée que ce projet de deuxième carrière, pour reprendre l’expression du sociologue Gaullier, était mort-né. Il s’ensuit un épuisement qui coïncida avec mon année de veuvage.

Mais par la suite et petit à petit, les sollicitations revinrent et, par ailleurs, une nouvelle relation s’amorçait avec Diane, une femme plus jeune, passionnée et encore très engagée professionnellement. Ces deux éléments m’amenèrent à reprendre en toute complicité et lucidité le collier professionnel[2], du moins partiellement, et la liste d’activités en question reflète assez bien cela dix ans après ma prise de retraite de l’UdeS[3].

Si plusieurs des ces activités peuvent sembler des répétitions, des duplicatas ou des doublons de choses que je faisais auparavant alors que j’œuvrais à l’UdeS, elles ne sont pas pour autant du more of the same. Bien au contraire, elles sont des no more of the same pour des raisons comme :

  1. La très très grande majorité de ces « nouvelles » prestations ont lieu hors de l’UdeS voire hors des universités. À vrai dire, une des raisons qui m’amena à me prévaloir d’une retraite anticipée, c’est que bien des clientèles et milieux de pratique, entre particulier en France, me disaient être surpris et touchés qu’un professeur-chercheur de ma trempe (titulaire, subventions, publications, carrière internationale) daigne leur accorder autant d’attention et les prennent vraiment au sérieux. Ils étaient surpris d’être traités comme de dignes partenaires égalitaires.
  2. Dans les activités de cette liste –y compris dans celles exécutées en milieux universitaires–, je pousse à fond la notion de service. Je n’ai vraiment plus rien à promouvoir ni plus rien à défendre. Si on me demande de redire ce que j’ai dit des centaines de fois. « Ce que je fais n’est pas important, mais il est important que je le fasse » Mahtana Gandhi.
  3. Dans cette même veine de service, j’ai un biais favorable pour assister et seconder la relève, laquelle inclut à l’occasion –et avec beaucoup d’émotion– ma propre relève. Après tout, ne suis-je pas engagé avec Diane à promouvoir le riche concept de legs professionnel ?
  4. Généralement je ne suis pas actif et encore moins proactif. En somme, je n’active rien[4]. Je me contente de répondre promptement aux demandes me disant que lorsqu’elles cesseront, j’arrêterai tout simplement, sans doute avec un petit pincement de cœur et d’âme. Il est vrai que, très conscient que tout succès est éphémère, je nourris cette attitude depuis 30 ans et qu’en dépit de cela, je passe en moyenne deux mois par année hors du pays.
  5. Cependant toutes les fois que cela est possible, je transforme « une réponse à une demande » en une occasion de faire seul ou avec ma compagne du tourisme.
  6. Et si par hasard plusieurs demandes surviennent pour une même période, je privilégie alors celles qui me vont visiter de nouveaux coins sur la planète ou qui me permettent de revoir des amis.
  7. Pour mes autres activités professionnelles, je suis le plus souvent possible les conditions météorologiques. S’il fait beau, travaux extérieurs, loisirs, etc. S’il pleut, écriture, recherche documentaire, lecture, etc.
  8. Après des années à m’astreindre à écrire selon des normes édito-scientifiques (et à astreindre les autres à le faire puisque je fus pendant plusieurs années directeur scientifique d’une revue ainsi que d’une chronique), je me fais un plaisir d’écrire ce qui me plait et comme ça me plait.

No more of the sameou plus du pareil au même car je fais tout cela autrement : un mixe des particularités des planètes Travail et Retraite ; une sorte de satellite artificiel entre ces deux planètes. Je fais tout cela avec une autre tête, un autre cœur et un autre corps ! Tel est le privilège de ce que j’ai appelé le quatrième tiers de carrière[5], une source de jubilation incommensurable !


[1]À l’UdeS, la tâche d’un professeur-chercheur se définit autour de 4 volets: enseignement, recherché, administration et services à la collectivité.

[2]Les « antitravails » détecteront sans doute une connotation négative dans cette expression. Moi, non !

[3]Je dis souvent que, surtout en Amérique du nord, le mot retraite doit être suivi d’une préposition de lieu du fait que la retraite n’est plus obligatoire.

 

 

 

 [4]Sauf peut-être lorsqu’il s’agit de promouvoir un livre auquel ont participé d’autres auteurs.

 

 

 

  [5]Limoges, J. 2010. Un quatrième tiers de carrière ? Sherbrooke : GGC éditions

 

 

 

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