Temps et contretemps ; gestion du stress et de la fatigue

Temps

Il y a un quart de siècle, Pineau publiait un livre percutant sur le tandem temps et contretemps. L’auteur associait au temps la charge, la logique, le rationnel, la performance, le rendement et le produit ; attitudes et comportements ailleurs associés au principe masculin, au cerveau gauche, au diurne, au Yan et au dieu Chronos. Ce temps est objectif et quantitatif : une minute vaut une minute ! Alors, gérer un stress ou une fatigue selon le mode temps revient à dire ajouter des activités comme un cours de yoga, un massage ou une sieste dans un horaire déjà trop chargé !

Contretemps

À l’inverse ou à l’opposé du temps il y a le contretemps. Il fait référence à la décharge, à l’intuition, à l’irrationnel, à la présence, à l’intensité, au processus et au qualitatif : une heure passée en présence d’un être détestable apparait comme une journée ; cette heure passée en présence d’un être cher apparait comme une minute ! Par exemple, sur une période de 24 heures, une bonne nuit de 8 heures suffit pour récupérer des 18 autres heures ! On l’associe au principe féminin, au cerveau droit, au nocturne, au Yin et au dieu Kaïros. Qu’il soit question du faire ou du être, le mode contretemps mise sur l’autrement, par exemple en se reposant pendant que l’on se fatigue pour arriver en fin de compte à un rapport presque nul !

 Temps et contretemps : mode d’emploi

  1. Au début de chaque semaine, survoler son agenda et y identifier les activités qui requièrent vraiment d’être en mode temps par exemple parce que des décisions importantes ou impliquantes doivent être prises.
  2. Par le fait même toutes les autres activités passent en mode contretemps. Il faut s’assurer qu’à chaque jour les deux modes soient sollicités. Avec la pratique, il sera même possible d’inclure ces deux modes dans une même séance ou dans une même activité.
  3. Lorsque l’activité prévue arrive, prendre les attitudes et les comportements propres à ce mode. Au besoin, surtout les premières fois, informer les personnes présentes sur quel mode on se situe, un peu comme un autre informe ses pairs qu’il a aujourd’hui une migraine.

Témoignages

À une certaine période de ma vie-carrière, j’ai dû assumer pendant quelques années plusieurs fonctions, toutes aussi importantes les unes que les autres, à mes yeux comme à ceux des gens qui m’entouraient : supérieurs, collègues, subalternes, clients, etc. Alors, pour survire et pour ne pas me bruler, j’ai géré mes semaines de la façon décrite ci-haut. Au début, j’avais quelques malaises égologiques lorsque je me mettais en mode contretemps : craintes des réactions des autres, perte du respect et de la confiance des autres, etc. Au même moment, je créais aussi de l’inconfort chez les autres : Qu’est-ce qui lui advient ? Est-il tombé sur la tête ? Fait-il un burnout ?  À quelques reprises, sans doute par crainte d’être ostracisé,  je me suis entendu dire à la boutade que j’étais en mode contretemps sans plus. Cependant, plus les semaines s’écoulaient, plus je recevais, en public comme en privé, des témoignages d’appréciation : Tu nous apportes des idées intéressantes. Tu nous brasses la cage, Tu m’as fait beaucoup réfléchir. Je compte sur toi pour nous amener des suggestions ou des idées nouvelles… Sans contredit, cette période fut la plus fructueuse de ma vie et cette façon de faire est devenue une seconde nature pour moi.

Fondements scientifiques

À vrai dire, ces témoignages ne sont pas étonnants car l’efficacité de ce mode de fonctionnement –qui s’apparente au raisonnement par l’absurde— fut expérimentalement validée par Gordon dans ses travaux sur la synectique et plus récemment par Kataria dans ses écrits sur le yoga du rire

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