Les longues nuits d’hiver, en particulier celles de la période entourant le nouvel an, apportent souvent une réflexion sur les parents que nous avons eus. Chaque fois, j’entends des personnes déplorer tel ou tel défaut ou telle ou telle carence de l’un ou de l’autre de leurs parents : trop mou, trop sévère, pas assez chaleureux, pas assez présent, avait des chouchous et je n’étais pas de ceux-là, etc. Chaque fois, cela m’amène à partager l’expérience qui suit et qui m’a marqué à jamais.
Il y a une bonne vingtaine d’années, je participais à une fin de semaine de croissance dont le thème tournait autour des relations parents-enfants. Depuis le début de ce groupe, tous les participants avaient des doléances envers leurs parents qui allaient dans le sens de celles mentionnées plus haut. Chaque fois ces doléances expliquaient/justifiaient des lacunes personnelles : manque de confiance en soi, peur de prendre des risques, difficulté à être attentif à son ressenti, perfectionnisme à outrance, etc.
Le dimanche après-midi, Il ne restait qu’une participante à s’autodévoiler. Avec beaucoup d’hésitation elle dit finalement : mon problème est que mes parents, oui oui les deux, étaient parfaits. Sitôt dit, elle fondit en larmes et à travers ses sanglots elle égraina : chaleureux, 100% présents, 100% attentifs, aucune distance, aucun saut d’humeur, aucune injustice, on ne peut plus parfaits, etc.
Nous étions tous perplexes, l’animateur inclus, car cette personne aurait dû selon nous tous éclater de joie et de reconnaissance ! Tout au contraire, à travers ses sanglots qui frôlaient quelques fois la rage, elle nous fit comprendre que, conséquemment, toutes les failles et lacunes lui revenaient à elle seule. Impossible d’être à la hauteur devant des parents parfaits ! Impossible d’avoir quelque perfection qu’il soit devant des parents parfaits ! Si toute la perfection est du même bord, que reste-t-il pour l’autre bord ?
Alors je me suis mis à voir et à vivre autrement certaines lacunes de mes parents….